Sculpteur de formation, Pierre-André Vuitel cultive les projets ambitieux. Il commence par élaborer une arche de la paix sur la mer Morte, structure flottante qui avait pour mission de rassembler les délégations des pays du Proche-Orient. Mais le redimensionnement du projet demandé par les autorités helvétiques contribue à ce qu’il tombe à l’eau.

C’est la mouvement qui intéresse Pierre-André Vuitel, la combinaison entre les secteurs et la valorisation du patrimoine matériel et immatériel.

En 2008, avec son association Développement 21, il prend le pari de restaurer de d’aménager les anciens Moulins d’Orbe en intégrant des personnes en mesure d’insertion professionnelle. Pendant plus de dix ans de bataille pour obtenir les différentes feux verts et le classement du moulin au patrimoine suisse, l’équipe menée par Pierre-André Vuitel entreprend des travaux pour la sécurisation du lieu et son aménagement jusqu’à en faire un musée, des salles de projection de films, un théâtre, un festival, un lieu où les arts deviennent vivants, tout en valorisant le patrimoine historique, bâti, industriel et naturel. En septembre 2020, n’ayant reçu ni le soutien de la municipalité, ni obtenu un accord avec le promoteur immobilier, propriétaire des lieux, « Patrimoine au fil de l’eau » doit fermer ses portes, pour laisser la place à la construction d’un vingtaine d’appartements. Le film Douze ans en liberté au Moulin Rod vient raconter cette histoire qui poursuit aujourd’hui autrement, d’une façon plus nomade, à partir des Clées et ailleurs, pour des visites guidées, un festival d’histoire, des panneaux didactiques posés sur des sites de la région et un site Internet. Heureusement qu’il n’y a aucun prise sur l’idée, l’enthousiasme et l’urgence de considérer la valeur d’une matière qui reste narrative et créatrice de toile, de tissu et de réseau.